Comme on sème...








Comme on sème... 


Texte intégral


Comme on sème


La vie est un voyage
Un chemin de lumière
Qui va de soi à soi
En passant par les cieux
Plus la conscience s’ouvre
Plus la grâce s’installe
Là, au fond de notre être
Et partout tout autour
Elle nimbe notre âme
D’un bonheur sans limite
D’une joie infinie
De vivre et d’aimer
Comme on s’aime, on sème
Comme on aime, on est



Imagine imagine


Imagine un instant
Qu’un amour infini
Ruisselle de ton être
Qu’un océan d’amour
Se déverse de toi
Qu’il inonde le monde
Et l’univers entier
De toute sa lumière
De toute sa splendeur
Imagine, imagine
Que tu ne soies rien d’autre
Que souffle de tendresse
Que vague de douceur
Que baiser ou caresse
Rien d’autre que ce coeur
Offert dans l’innocence
Et dans la pureté



MEME POMME

Il était une fois une mémé très vieille et si ridée que son visage ressemblait à une pomme toute flétrie.
Mémé Pomme, comme on l’appelait, était presque aveugle et pourtant, ses yeux semblaient toujours sourire.
Les enfants l’adoraient. Les enfants et les hirondelles.
Mémé Pomme passait ses journées sur la placette, assise sur une pierre qui lui ressemblait. Accoudée à la fontaine tarie depuis très longtemps, elle écoutait.
De l’aube au crépuscule, elle écoutait. Tout. Les cris des enfants, le chant des cigales, le ronronnement des chats lovés sur ses genoux, la cloche sonnant les heures comme si c’était important. Et le vent, d’où qu’il soit, venu pour raconter l’ailleurs.
Les champs de blé qui frissonnent, les bourgeons qui éclatent, elle les entendait de là. La mer aussi. Elle écoutait les vagues aller et venir, basculer mollement ou se fracasser avec violence, loin, là-bas.
De là, elle entendait. Même le silence.
Quelquefois elle parlait. D’îles et de pays lointains. Comme si elle y était allée. Mieux, peut-être. Les enfants adoraient qu’elle raconte. Quand on leur demandait ce qu’ils voudraient faire plus tard, ils répondaient tous invariablement :
- Comme Mémé Pomme. Voyager, aller dans les îles. Toutes les îles connues ou inconnues. S’enivrer d’îles jusqu’à découvrir la sienne propre. L’inventer au besoin, si nécessaire. Devenir île, comme Mémé Pomme, toute ridée de rêves.
Avec le temps, les adultes s’étaient habitués à cette réponse. Ils se contentaient d’en sourire, sans chercher à comprendre. Mémé Pomme dérangeait sans déranger vraiment. On avait simplement appris à ne rien apprendre d’elle.

Un jour, Mémé Pomme disparut. Les enfants, affolés, passèrent la journée à la chercher partout, dans les endroits les plus invraisemblables et même dans les arbres. Et puis loin, très loin dans les collines, jusqu’à la nuit tombée.
Quand ils rentrèrent chez eux ce soir là, ils plongèrent tous dans un profond mutisme. Mais, malgré leur épuisement, ils étaient incapables de trouver le sommeil. Alors, un à un, ils se dirigèrent vers la placette. Ils passèrent la nuit là, assis par terre au pied de la fontaine, serrés les uns contre les autres, réunis par le même sentiment d’abandon.
La nuit chaude ruisselait d’étoiles. Soudain, une petite fille pointa son doigt vers l’une d’elles.
- Mémé Pomme ! C’est Mémé Pomme ! Regardez, elle est là !
Et c’était vrai. Tous les enfants pouvaient la voir. Elle leur souriait, de ce sourire à nul autre pareil, gorgé d’amour et de tendresse. Mémé Pomme apparaissait ici puis disparaissait pour mieux réapparaître ailleurs. Elle était partout. Et les enfants, insatiables, dévoraient le ciel des yeux pour tenter de revoir, encore et encore.
L’aube les surprit dans cette attente extasiée. Les hirondelles dévalèrent le ciel en trissant et c’est alors que l’eau jaillit de la fontaine. De cette fontaine que l’on croyait muette à jamais.
Les enfants éblouis se précipitèrent pour mieux voir l’eau, la toucher, l’écouter. Ils n’en croyaient ni leurs yeux, ni leurs oreilles. L’eau chantait et cette voix, cette voix incroyablement familière qui chantait, c’était celle de Mémé Pomme.
Ils levèrent aussitôt la tête vers le ciel pour tenter de l’apercevoir une fois encore. Mais les étoiles avaient disparu. Le jour s’était levé. Il restait à peine un tout petit quartier de lune pâle dans lequel ils eurent le temps d’entrevoir son sourire une dernière fois. Ce sourire doux et rassurant, comme une bénédiction.

Alors, chacun à leur tour, ils burent longuement à la fontaine. Comme on se gorge de soleil pour s’aider à passer les longs mois d’hiver. Comme on s’apprête à traverser le désert, sans rien, sans personne. L’eau était si extraordinairement pure et apaisante qu’ils comprirent que Mémé Pomme ne les avait pas quittés tout à fait.
Elle était là, à jamais, dans cette eau fraîche et chantante, dans la lumière du jour montant lentement vers eux, dans le vent chargé d’ailleurs, dans le renouveau des collines après l’orage, dans l’éclat des champs de coquelicots, dans les rivières et les océans, dans les îles perdues, inconnues ou à naître, dans les rêves, dans l’espérance, dans l’amour, dans la joie.


(extrait du Royaume des Papillons)



Plus près


Viens, ne sois pas timide
Unis ton front au mien
Et ouvre grand ton coeur
Et petit à petit
Unifie-toi au monde
Unifie-toi aux fleurs
Offre leur des baisers
Sur leurs lèvres pétales
Unifie-toi aux arbres
Enlace et embrasse
La peau de leur écorce
Ecoute, entends mon chant
Peux-tu ressentir l’eau
Cette onde qui ruisselle
Sur le sol et la Terre
Et dans ton propre corps
N’aies pas peur, je suis elle
Viens plus près, ouvre grand
Ton âme et tes entrailles
Pénètre la magie
De ton être profond
Deviens ton océan
Deviens ton propre ciel
Rejoins ton vrai royaume
Souffle, deviens le vent
Vole, sois goéland
Enlace l’univers
De tes bras enchanteurs
Approche, prends mon c?ur
Fais tien tout son nectar
Fais en une oeuvre d’art



Symphonie d’âmes


Toi, goutte de rosée
Et vous, gouttes de pluie
Toi ruisseau, toi, torrent
Vous sources, vous fontaine
Rivières et océans
Vous, ondes infinies
De vie et de lumière
Jaillissez en bouquets
Tout autour de la terre
Eclaboussez d’amour
Les hommes et l’univers
Dans une symphonie
D’âmes et de pureté




Jardin de vie



Planter
Des graines dans les c?urs
Semer
Des éclats de tendresse
Et des brassées de douceur
Et des arcs en ciel d’allégresse
Faire de sa vie un jardin
Une prairie enchanteresse
Un printemps d’amour et de fleurs
Un chemin d’azur et d’ivresse



Plus haut


Ne te contente pas
De ce qui s’offre à toi
Va plus loin
Va plus haut
Va puiser le meilleur
Au plus profond de toi
Et partout en ce monde
Et même au-delà
Va, cours, vole, découvre
Dévore l’univers
Fais tien tout ce qui est
Sois frère de chaque homme
Et s?ur de chaque fleur
Tisse des liens d’amour
Sème la dignité
Accorde à chacun
Tes trésors de tendresse
Aide-les à mieux être
Aide-les à trouver
La voie de la sagesse
Montre leur la noblesse
De leur humanité
Cherche et tu trouveras
Mais ne sois pas pressé
Prends le temps qu’il faudra
Pour repartir encore
Recommencer toujours
Ta présence sur terre
N’a pas d’autre raison
Que de semer les graines
Du véritable amour


Le pays d’Orangilie

Il était une fois un étrange pays où tout était orange. La terre, l’eau, le ciel, les arbres, les fleurs, les animaux, les maisons et jusqu’aux habitants. Tout, absolument tout était parfaitement orange. Nul ne connaissait en ces lieux d’autre couleur. C’était le pays d’Orangilie.
Un jour, un aigle d’or fit son apparition dans les cieux. Les Orangiliens, petits et grands en furent épouvantés. Que pouvait bien être cette chose qui n’était pas orange ? D’où pouvait-elle venir sinon de l’enfer de l’hors orangilisation ?
Les plus vaillants décidèrent de capturer l’oiseau. Equipés d’un grand filet, car dans ce pays-là il n’y avait pas d’armes, ils partirent aussitôt à la chasse. Et, contre toute attente, l’aigle se laissa attraper, sans opposer la moindre résistance.
Loin de calmer les craintes des Orangiliens, cette attitude les décontenança au plus haut point. Comment cette bête pouvait-elle ne pas avoir peur d’eux ? Fallait-il quelle soit bien naïve ou bien sûre d’elle pour ne pas chercher à s’enfuir, ne pas les redouter.
Ils étaient là, paralysés d’incertitude quand le jeune Orangilles s’avança. Il enfila ses gants et chacun comprit alors qu’il allait toucher l’oiseau.
Il approcha lentement, sans quitter l’animal des yeux. Mais, malgré toutes ses précautions, dès qu’il effleura la pointe des ailes de l’aigle, il prit un teint doré. Et de la tête aux pieds, en l’espace d’un souffle, il ne fut plus que d’or.
- Juste ciel, nous sommes maudits ! s’écrièrent les Orangiliens.
Et ils continuèrent à se lamenter, pleurant et trépignant, jusqu’à ce qu’Orangilles intervienne.
- Cet oiseau est un ange, dit-il avec douceur. Un ange venu nous révéler cet or qui est en nous. N’ayons pas peur de lui. N’ayons plus peur de nous. Acceptons son offrande. Laissons-le accomplir son ?uvre à sa façon.
A peine achevait-il de prononcer ces mots, que le filet doré qui emprisonnait l’aigle se volatilisa. L’oiseau déploya ses larges ailes et se mit à chanter. Son chant était si pur que bientôt la terre, l’eau, le ciel, les arbres, les fleurs, les animaux, les maisons, et jusqu’aux habitants, tout, absolument tout se transforma parfaitement en or.
Et c’est depuis ce jour que dans le pays d’Orangilie, la parole est devenue d’or.



Pays d’étoiles


Dans ce pays d’étoiles
Où seul l’amour existe
Je te rejoins sans cesse
Au pied de ce grand arbre
A l’écorce vibrante
Au bout de cette steppe
Aux vagues de frissons
Dans le chant des ruisseaux
La caresse de l’aube
Sur les ailes du jour
Sur les ailes des mots
Et ce jardin d’amour
Qui partout m’environne
Est le chemin d’azur
Qui me guide vers toi



Juste là


Juste là
Juste au bord
Là où s’achève la fêlure
Là où toute résistance se meurt
Là où toute peur s’évanouit
Sur le rivage des soupirs
Là où l’extase prend sa source
Là où la femme se fait fleur
Là où la fleur devient fontaine
Je t’attends là
Oui, juste au bord



Poussière d’amour


Frôler
Toucher du bout des ailes
De la pointe du c?ur
L’exquise et délicate
Prairie de ta tendresse
Et d’un souffle
D’un seul
Boire à même ton âme
Boire à même la source
De ton essence pure
Et mourir extasiée
Dans ce grand lit d’étoiles
Tout mon être éclaté
En poussière d’amour



Chemin d’étoile

Il était une fois une petite fille sans nom qui s’était perdue dans la forêt. Elle errait seule, sans maison et sans chaleur.
Un jour, elle vit passer un loup qui mangeait une poire. Cela l’amusa tellement qu’elle décida de le suivre.
Et ce qui devait arriver, arriva.
Le loup sentit qu’on l’observait et il surprit la petite fille derrière le fourré d’où elle l’épiait.
- C’est moi qui te fais rire ? dit-il en se léchant les babines.
- Oui, je te trouve très drôle
- Que fais-tu toute seule dans la forêt ? Tu ne sais pas que c’est dangereux ?
- Je me suis perdue
Et elle se mit à pleurer.
- Ah non, pas ça malheureuse ! Tu ne sais pas que les loups adorent le sel ? Si tu n’arrêtes pas immédiatement de pleurer, je vais te dévorer. Rien ne pourra m’en empêcher. Vite, monte sur mon dos et accroche-toi bien
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Le loup s’élança dans la forêt et la déposa au bord d’un ruisseau.
- Rince bien ton visage. Tant que tu auras un goût de sel, tu ne seras pas en sécurité.
La petite fille obéit, trempa ses mains dans l’eau glacée et aspergea son visage jusqu’à ce que toute trace de larme ait disparu.
- Mais tu trembles, dit-elle en voyant le loup claquer des dents. Tu as froid ?
- Non j’ai peur. Je ne suis pas un méchant loup, tu sais. Je suis seul depuis si longtemps. J’aimerais bien être ton ami, mais c’est impossible, je risquerais de te manger.
- Alors je ne pleurerai plus jamais
- Pfff ! Comment peux-tu en être sûre ?
- C’est mon affaire. Aies confiance. De toutes façons, je n’ai pas du tout envie de me faire dévorer.
Ils s’embrassèrent et partirent ensemble dans la forêt.

Les années passèrent. Chacun se félicitait d’avoir comblé la solitude de l’autre. La petite fille sans nom, devenue à présent une jolie jeune fille, se considérait comme une louve à part entière et le loup, débarrassé de ses instincts carnassiers, ressemblait à un humain.
Et ce qui devait arriver, arriva.
Par une belle journée d’été, la jeune fille sans nom mit au monde un enfant. C’était un bébé mi-loup, mi-humain qu’ils appelèrent Inouï. Et ce petit Inouï avait une particularité, il ne pleurait jamais.
Il tétait goulûment du matin au soir et développa rapidement une force hors du commun. Sa mère était si fière de lui que parfois les larmes lui montaient aux yeux. Mais elle se dépêchait bien vite de les ravaler pour ne pas manquer à sa parole.
Pourtant une nuit, elle s’éveilla en sursaut, le visage tout ruisselant de larmes. Affolée, elle se précipita dans le noir pour le rincer mais, trop tard ! L’odeur du sel avait tiré le loup de son sommeil et il se jeta sur elle pour la dévorer.
Alors, le petit Inouï qui dormait accroché au sein de sa mère, se hissa jusqu’à son visage et le lécha sans discontinuer, jusqu’à ce que toute trace de sel ait disparu.
Fou de rage, le loup s’enfuit à l’autre bout de la forêt.
Le lendemain matin, il revint tout penaud.
- Je te demande pardon, lui dit la jeune fille sans nom. Cela ne se reproduira plus
- Il est trop tard. Cet enfant a pris ma place dans ton c?ur. Cette nuit, il avait le choix entre te dévorer avec moi ou te sauver la vie. Il t’a choisie. Désormais vous êtes deux et moi je suis à nouveau seul.
- Mais tu n’y penses pas. Nous formons une famille. Nous t’aimons, nous avons besoin de toi.
Le loup se laissa tant et si bien convaincre par ces douces paroles qu’ils reprirent leur vie de loups comme si de rien n’était. Chacun oublia l’incident, jusqu’à ce que ce qui devait arriver arrive.
Le petit Inouï s’amusait à sauter sur les bords d’un ruisseau, quand son pied se prit dans une racine. Il s’étala de tout son long et, pour la première fois de sa vie, il se mit à pleurer.
Heureusement, le loup était absent. Sa mère le prit dans ses bras et le serra très fort.
- Cela me brise le c?ur, dit-elle, mais nous ne pouvons plus rester avec ton père. Il risquerait de te dévorer et je n’y survivrais pas. Allons-nous en.
Elle rédigea une lettre à l’attention du loup et ils quittèrent la forêt sans se retourner.

Ils marchèrent longtemps, jusqu’à ce qu’ils atteignent la mer. Dès qu’il la vit, le petit Inouï se précipita dans les flots et, aussitôt, il se métamorphosa en ange de lumière.
- Viens, dit-il à sa mère. Tu n’es pas de la famille des loups ni de celle des hommes. Tu es de la famille des étoiles. Tu es une étoile de mère.
- Une étoile de mer ? Mais Inouï, qui es-tu ?
- Celui que tu as créé pour te ramener vers la source, pour te rappeler qui tu es vraiment.
- Et je suis une étoile ?
- Oui, maman.
- Et ton père, qui est-il ?
- Viens et tu le sauras. N’aies pas peur. N’aies plus jamais peur. De rien.
Le coeur gonflé d’amour, les yeux rivés à ceux de son fils, la jeune femme sans nom avança vers l’eau. Dès que le sel frôla sa peau, elle se transforma en déesse de lumière.
- Comme tu es belle ! s’exclama Inouï.
Elle souriait, radieuse.
- Je comprends à présent, dit-elle. Nous sommes tous des étoiles. Les hommes comme les loups. Mais nous l’avons oublié. Nous l’avons oublié en naissant et nous errons sans fin dans la forêt de notre ignorance.
- Mon père est une étoile mais il n’est pas prêt encore à l’entendre. Que décides-tu à présent ?
- Y a-t-il une chance, même infime, de l’aider à savoir qui il est vraiment ?
- Il y a toujours une chance. Et puis, nous sommes deux. Cela fait une chance de plus.
- Alors allons-y ! J’ai hâte de le retrouver pour lui montrer la voie.
- D’accord maman. Mais d’abord, offrons-nous des petites vacances. Un voyage éclair sur la voie lactée, par exemple.

Inouï prit son étoile de mère par la main et ils s’envolèrent vers les cieux.

(Nouvelle publiée dans Rencontres d’âmes. avec l'aimable autorisation des Editions Artistfolio)



Forêt d’amour


Dans la forêt d’amour
Les arbres sont des corps
Serrés, entremêlés
Enlacés dans la liesse
Les fleurs, de doux baisers
Les feuilles, des caresses
Dans la forêt d’amour
Les sous-bois sont désirs
Et les bourgeons, tendresse
Et toutes les clairières
Sont des nids de velours
De lumière et d’ivresse



Flots d’amour


Ce ne sont pas mes lèvres
Mais juste leurs pétales
Que tes baisers effleurent
D’une infinie douceur
Et ce n’est pas mon corps
Que tes bras enveloppent
Et que tes mains caressent
Mais un bouquet de fleurs
Sitôt que le soleil de ton âme
Me touche et plante son épée
Dans les cieux de mon coeur
Tous mes printemps éclosent
Tous mes bourgeons éclatent
Dans un flot de frissons
Et d’or et de splendeur


Sensualité



Tout l’air qui m’enveloppe
Le vent qui me caresse
Ce soleil insolent
Qui pénètre ma peau
Tout l’azur qui m’inonde
Ces parfums qui m’enivrent
Ces mots qui me chavirent
Faits de chair et de sang
Les fleurs nues et offertes
Dans la tendre innocence
De leur premier printemps
La frondaison des arbres
L’herbe emplie de rosée
Chaque aube qui se lève
La lune et son croissant
Le midi de tes lèvres
Les ruisseaux, l’océan
Tout ce que je regarde
Tout ce que je ressens
Tout ce que ma peau touche
Ce que mon coeur entend
Tout ce qui, dans ma bouche
Se transforme en printemps
Je fais l’amour avec
Continuellement
Il n’est d’amour plus doux
Voluptueux, charnel
Que celui qui allie
L’éternel à la sensualité
Ouvrez grand votre coeur
Laissez-vous submerger
Aimez tout ce qui est
Osez pétrir la vie
Transpirer la passion
Osez vivre d’aimer
Osez cet abandon


Petit caillou

Il était une fois un petit caillou qui vivait sur une plage dans l’île la plus minuscule d’un archipel sans fin.
Confortablement allongé sur le sable, il se laissait caresser par les vagues et savourait avec délice l’alternance des sensations. Chauffé à blanc par le soleil, martyrisé par sa morsure, il comptait les secondes qui le rapprochaient inexorablement de cet instant où l’écume viendrait l’électriser de fraîcheur.
Souvent, les dauphins venaient jouer avec lui. Ils lui faisaient faire mille pirouettes dans les airs. Ils s’amusaient à le rattraper au vol sur le dos, sur le ventre, sur le rostre ou sur la queue.
Mais voilà qu’un jour, le petit caillou atterrit sur le front d’un vieux pêcheur taciturne. Au lieu de pester selon son habitude, car l’homme était connu dans tout le pays pour sa mauvaise humeur, celui-ci se mit à rire. A rire, à chanter et à danser.
Enivré par cette joie aussi soudaine qu’inespérée, le bienheureux oublia totalement ses filets. Le soir venu, quand enfin il songea à les relever, ils étaient pleins. Pleins à craquer d’une pêche miraculeuse, de poissons multicolores et de coquillages fabuleux.
C’est ainsi que le petit caillou comprit qu’il était magique.
Au début, ce pouvoir extraordinaire l’amusa. En un tournemain, il rendit le sourire à tous les grincheux et combla de bienfaits les miséreux de tous les environs. Dès que quelqu’un souffrait, de quelque mal que ce soit, il suffisait que le petit caillou le touche pour qu’il soit définitivement guéri. C’était grisant.
Le bruit avait fini par se répandre dans tout le pays et même au-delà, qu’un petit caillou faisait des miracles. Alors les malades et les curieux d’ici et d’ailleurs commencèrent à affluer. Le petit caillou s’appliqua à les guérir tous et il leur offrit même davantage.
Il permit à chacun de s’aimer et d’aimer les autres d’un amour inconditionnel.
Après avoir rendu heureux tous ceux qui étaient venus jusqu’à lui, le petit caillou comprit que sa tâche était loin d’être terminée. Il lui restait à accomplir le miracle des miracles : guérir l’univers entier.
C’est alors qu’il roula sur le ventre d’une jeune femme. Elle n’avait a priori rien d’extraordinaire, sauf qu’elle portait la vie. Elle était enceinte depuis assez de temps pour que son ventre ressemblât à un joli globe terrestre.
Profitant d’une autre vague, le petit caillou se cala dans le creux du nombril. Sans s’en douter, il avait trouvé là l’endroit idéal pour communiquer avec le bébé.
Ils se mirent à parler. De la vie, de la mort, de l’amour, de la nature, des problèmes de l’humanité, et pour finir, de ce qui préoccupait au plus haut point le petit caillou : trouver le moyen d’être partout à la fois pour guérir le monde de tous ses maux, le plus rapidement possible.
Le bébé finit par éclater de rire.
- Comment, voilà près d’une heure que nous discutons et tu n’as toujours pas compris ce que tu es venu apprendre de moi ? Il me semble pourtant que c’est l’évidence même. Je suis un bébé. Un bébé ! Le fruit de deux êtres qui s’aiment. Tu comprends à présent par quel moyen tu vas pouvoir être partout à la fois ?
Abasourdi par ce qu’il venait de comprendre, le petit caillou se laissa retomber dans les flots et entraîner par les courants sans même regarder où ils le conduisaient ; quand il buta violemment contre une étoile de mer.
- Aïe ! Quelle brute ! Tu pourrais t’excuser au moins. Sois poli, si t’es pas joli ! 
Reprenant subitement ses esprits comme si l’étoile de mer venait de prononcer une formule magique, le petit caillou s’illumina d’un seul coup et prit la forme d’une étoile. Il s’approcha d’elle et commença à la caresser lentement, branche après branche, avec une infinie douceur.
Jamais l’étoile de mer n’aurait cru qu’une telle grâce fut possible. Ivres d’extase, ils s’abandonnèrent bientôt l’un à l’autre, étoiles de pierre et de mer polies par les vagues de l’amour.
A dater de ce jour, ils furent inséparables. Ils sillonnèrent ensemble toutes les mers et tous les océans du monde, semant partout une infinité de petites étoiles aussi polies que jolies, toutes dotées de pouvoirs magiques.
Peu à peu, ils réalisèrent l’impossible et l’univers entier guérit.
Satisfait et heureux, le petit caillou s’éleva alors dans les airs. Il se mit à tournoyer de joie en s’élevant de plus en plus. Il dépassa les arbres et les plus hautes tours érigées par les hommes. Il s’envola bien au-delà des plus hautes montagnes, franchissant tous les océans de nuages, jusqu’à se détacher de l’attraction terrestre et de sa pesanteur.
Une fois en orbite autour de la Terre, il se sentit nappé de chaleur. Une chaleur douce et intense. Il regarda l’espace jusqu’ici noir et vide et peu à peu, il le vit s’emplir d’étoiles. Bientôt, il ne fut plus qu’océan de lumière. Chaque étoile le regardait en souriant. Et devant tant de bienveillance et de tendresse, il se mit à ruisseler de larmes.
Des larmes poussière de caillou, poussière d’étoile, de sable, de sel, de soleil, de vent et d’eau. Des larmes poussière d’amour qui se répandirent sur l’univers comme une bénédiction.
Alors, le petit caillou étoile de pierre se remplit à son tour de lumière et prit sa place dans la ronde du firmament.

(extrait du Royaume des Papillons)



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