Comme
on sème...
Texte intégral
Comme on
sème
La vie est un
voyage
Un chemin de
lumière
Qui va de soi
à soi
En passant
par les cieux
Plus la
conscience s’ouvre
Plus la grâce
s’installe
Là, au fond
de notre être
Et partout
tout autour
Elle nimbe
notre âme
D’un
bonheur sans limite
D’une joie
infinie
De vivre et
d’aimer
Comme on
s’aime, on sème
Comme on
aime, on est
Imagine
imagine
Imagine un
instant
Qu’un amour
infini
Ruisselle de
ton être
Qu’un océan
d’amour
Se déverse
de toi
Qu’il
inonde le monde
Et l’univers
entier
De toute sa
lumière
De toute sa
splendeur
Imagine,
imagine
Que tu ne
soies rien d’autre
Que souffle
de tendresse
Que vague de
douceur
Que baiser ou
caresse
Rien d’autre
que ce coeur
Offert dans
l’innocence
Et dans la
pureté
MEME POMME
Il était une fois une mémé
très vieille et si ridée que son visage ressemblait à une pomme
toute flétrie.
Mémé Pomme, comme on
l’appelait, était presque aveugle et pourtant, ses yeux semblaient
toujours sourire.
Les enfants l’adoraient. Les
enfants et les hirondelles.
Mémé Pomme passait ses
journées sur la placette, assise sur une pierre qui lui ressemblait.
Accoudée à la fontaine tarie depuis très longtemps, elle écoutait.
De l’aube au crépuscule, elle
écoutait. Tout. Les cris des enfants, le chant des cigales, le
ronronnement des chats lovés sur ses genoux, la cloche sonnant les
heures comme si c’était important. Et le vent, d’où qu’il
soit, venu pour raconter l’ailleurs.
Les champs de blé qui
frissonnent, les bourgeons qui éclatent, elle les entendait de là.
La mer aussi. Elle écoutait les vagues aller et venir, basculer
mollement ou se fracasser avec violence, loin, là-bas.
De là, elle entendait. Même
le silence.
Quelquefois elle parlait. D’îles
et de pays lointains. Comme si elle y était allée. Mieux,
peut-être. Les enfants adoraient qu’elle raconte. Quand on leur
demandait ce qu’ils voudraient faire plus tard, ils répondaient
tous invariablement :
- Comme Mémé Pomme. Voyager,
aller dans les îles. Toutes les îles connues ou inconnues.
S’enivrer d’îles jusqu’à découvrir la sienne propre.
L’inventer au besoin, si nécessaire. Devenir île, comme Mémé
Pomme, toute ridée de rêves.
Avec le temps, les adultes
s’étaient habitués à cette réponse. Ils se contentaient d’en
sourire, sans chercher à comprendre. Mémé Pomme dérangeait sans
déranger vraiment. On avait simplement appris à ne rien apprendre
d’elle.
Un jour, Mémé Pomme disparut.
Les enfants, affolés, passèrent la journée à la chercher partout,
dans les endroits les plus invraisemblables et même dans les arbres.
Et puis loin, très loin dans les collines, jusqu’à la nuit
tombée.
Quand ils rentrèrent chez eux
ce soir là, ils plongèrent tous dans un profond mutisme. Mais,
malgré leur épuisement, ils étaient incapables de trouver le
sommeil. Alors, un à un, ils se dirigèrent vers la placette. Ils
passèrent la nuit là, assis par terre au pied de la fontaine,
serrés les uns contre les autres, réunis par le même sentiment
d’abandon.
La nuit chaude ruisselait
d’étoiles. Soudain, une petite fille pointa son doigt vers l’une
d’elles.
- Mémé Pomme ! C’est
Mémé Pomme ! Regardez, elle est là !
Et c’était vrai. Tous les
enfants pouvaient la voir. Elle leur souriait, de ce sourire à nul
autre pareil, gorgé d’amour et de tendresse. Mémé Pomme
apparaissait ici puis disparaissait pour mieux réapparaître
ailleurs. Elle était partout. Et les enfants, insatiables,
dévoraient le ciel des yeux pour tenter de revoir, encore et encore.
L’aube les surprit dans cette
attente extasiée. Les hirondelles dévalèrent le ciel en trissant
et c’est alors que l’eau jaillit de la fontaine. De cette
fontaine que l’on croyait muette à jamais.
Les enfants éblouis se
précipitèrent pour mieux voir l’eau, la toucher, l’écouter.
Ils n’en croyaient ni leurs yeux, ni leurs oreilles. L’eau
chantait et cette voix, cette voix incroyablement familière qui
chantait, c’était celle de Mémé Pomme.
Ils levèrent aussitôt la tête
vers le ciel pour tenter de l’apercevoir une fois encore. Mais les
étoiles avaient disparu. Le jour s’était levé. Il restait à
peine un tout petit quartier de lune pâle dans lequel ils eurent le
temps d’entrevoir son sourire une dernière fois. Ce sourire doux
et rassurant, comme une bénédiction.
Alors, chacun à leur tour, ils
burent longuement à la fontaine. Comme on se gorge de soleil pour
s’aider à passer les longs mois d’hiver. Comme on s’apprête à
traverser le désert, sans rien, sans personne. L’eau était si
extraordinairement pure et apaisante qu’ils comprirent que Mémé
Pomme ne les avait pas quittés tout à fait.
Elle était là, à jamais, dans
cette eau fraîche et chantante, dans la lumière du jour montant
lentement vers eux, dans le vent chargé d’ailleurs, dans le
renouveau des collines après l’orage, dans l’éclat des champs
de coquelicots, dans les rivières et les océans, dans les îles
perdues, inconnues ou à naître, dans les rêves, dans l’espérance,
dans l’amour, dans la joie.
(extrait du
Royaume des Papillons)
Plus près
Viens, ne
sois pas timide
Unis ton
front au mien
Et ouvre
grand ton coeur
Et petit à
petit
Unifie-toi au
monde
Unifie-toi
aux fleurs
Offre leur
des baisers
Sur leurs
lèvres pétales
Unifie-toi
aux arbres
Enlace et
embrasse
La peau de
leur écorce
Ecoute,
entends mon chant
Peux-tu
ressentir l’eau
Cette onde
qui ruisselle
Sur le sol et
la Terre
Et dans ton
propre corps
N’aies pas
peur, je suis elle
Viens plus
près, ouvre grand
Ton âme et
tes entrailles
Pénètre la
magie
De ton être
profond
Deviens ton
océan
Deviens ton
propre ciel
Rejoins ton
vrai royaume
Souffle,
deviens le vent
Vole, sois
goéland
Enlace
l’univers
De tes bras
enchanteurs
Approche,
prends mon c?ur
Fais tien
tout son nectar
Fais en une oeuvre
d’art
Symphonie
d’âmes
Toi, goutte
de rosée
Et vous,
gouttes de pluie
Toi ruisseau,
toi, torrent
Vous sources,
vous fontaine
Rivières et
océans
Vous, ondes
infinies
De vie et de
lumière
Jaillissez en
bouquets
Tout autour
de la terre
Eclaboussez
d’amour
Les hommes et
l’univers
Dans une
symphonie
D’âmes et
de pureté
Jardin de
vie
Planter
Des graines
dans les c?urs
Semer
Des éclats
de tendresse
Et des
brassées de douceur
Et des arcs
en ciel d’allégresse
Faire de sa
vie un jardin
Une prairie
enchanteresse
Un printemps
d’amour et de fleurs
Un chemin
d’azur et d’ivresse
Plus haut
Ne te
contente pas
De ce qui
s’offre à toi
Va plus loin
Va plus haut
Va puiser le
meilleur
Au plus
profond de toi
Et partout en
ce monde
Et même
au-delà
Va, cours,
vole, découvre
Dévore
l’univers
Fais tien
tout ce qui est
Sois frère
de chaque homme
Et s?ur
de chaque fleur
Tisse des
liens d’amour
Sème la
dignité
Accorde à
chacun
Tes trésors
de tendresse
Aide-les à
mieux être
Aide-les à
trouver
La voie de la
sagesse
Montre leur
la noblesse
De leur
humanité
Cherche et tu
trouveras
Mais ne sois
pas pressé
Prends le
temps qu’il faudra
Pour repartir
encore
Recommencer
toujours
Ta présence
sur terre
N’a pas
d’autre raison
Que de semer
les graines
Du véritable
amour
Le pays
d’Orangilie
Il était une fois un étrange pays où tout était
orange. La terre, l’eau, le ciel, les arbres, les fleurs, les
animaux, les maisons et jusqu’aux habitants. Tout, absolument tout
était parfaitement orange. Nul ne connaissait en ces lieux d’autre
couleur. C’était le pays d’Orangilie.
Un jour, un aigle d’or fit son apparition dans les
cieux. Les Orangiliens, petits et grands en furent épouvantés. Que
pouvait bien être cette chose qui n’était pas orange ? D’où
pouvait-elle venir sinon de l’enfer de l’hors orangilisation ?
Les
plus vaillants décidèrent de capturer l’oiseau. Equipés d’un
grand filet, car dans ce pays-là il n’y avait pas d’armes, ils
partirent aussitôt à la chasse. Et, contre toute attente, l’aigle
se laissa attraper, sans opposer la moindre résistance.
Loin de calmer les craintes des Orangiliens, cette
attitude les décontenança au plus haut point. Comment cette bête
pouvait-elle ne pas avoir peur d’eux ? Fallait-il quelle soit
bien naïve ou bien sûre d’elle pour ne pas chercher à s’enfuir,
ne pas les redouter.
Ils étaient là, paralysés d’incertitude quand le
jeune Orangilles s’avança. Il enfila ses gants et chacun comprit
alors qu’il allait toucher l’oiseau.
Il approcha lentement, sans quitter l’animal des yeux.
Mais, malgré toutes ses précautions, dès qu’il effleura la
pointe des ailes de l’aigle, il prit un teint doré. Et de la tête
aux pieds, en l’espace d’un souffle, il ne fut plus que d’or.
-
Juste ciel, nous sommes maudits ! s’écrièrent
les Orangiliens.
Et ils continuèrent à se lamenter, pleurant et
trépignant, jusqu’à ce qu’Orangilles intervienne.
-
Cet oiseau est un ange, dit-il avec douceur.
Un ange venu nous révéler cet or qui est en nous. N’ayons pas
peur de lui. N’ayons plus peur de nous. Acceptons son offrande.
Laissons-le accomplir son ?uvre
à sa façon.
A peine achevait-il de prononcer ces mots, que le filet
doré qui emprisonnait l’aigle se volatilisa. L’oiseau déploya
ses larges ailes et se mit à chanter. Son chant était si pur que
bientôt la terre, l’eau, le ciel, les arbres, les fleurs, les
animaux, les maisons, et jusqu’aux habitants, tout, absolument tout
se transforma parfaitement en or.
Et c’est depuis ce jour que dans le pays d’Orangilie,
la parole est devenue d’or.
Pays
d’étoiles
Dans ce pays
d’étoiles
Où seul
l’amour existe
Je te rejoins
sans cesse
Au pied de ce
grand arbre
A l’écorce
vibrante
Au bout de
cette steppe
Aux vagues de
frissons
Dans le chant
des ruisseaux
La caresse de
l’aube
Sur les ailes
du jour
Sur les ailes
des mots
Et ce jardin
d’amour
Qui partout
m’environne
Est le chemin
d’azur
Qui me guide
vers toi
Juste là
Juste là
Juste au bord
Là où
s’achève la fêlure
Là où toute
résistance se meurt
Là où toute
peur s’évanouit
Sur le rivage
des soupirs
Là où
l’extase prend sa source
Là où la
femme se fait fleur
Là où la
fleur devient fontaine
Je t’attends
là
Oui, juste au
bord
Poussière
d’amour
Frôler
Toucher du
bout des ailes
De la pointe
du c?ur
L’exquise
et délicate
Prairie de ta
tendresse
Et d’un
souffle
D’un seul
Boire à même
ton âme
Boire à même
la source
De ton
essence pure
Et mourir
extasiée
Dans ce grand
lit d’étoiles
Tout mon être
éclaté
En poussière
d’amour
Chemin
d’étoile
Il était une fois une petite fille sans nom qui s’était
perdue dans la forêt. Elle errait seule, sans maison et sans
chaleur.
Un jour, elle vit passer un loup qui mangeait une poire.
Cela l’amusa tellement qu’elle décida de le suivre.
Et ce qui devait arriver, arriva.
Le loup sentit qu’on l’observait et il surprit la
petite fille derrière le fourré d’où elle l’épiait.
- C’est moi qui te fais rire ? dit-il
en se léchant les babines.
- Oui, je te trouve très drôle
- Que fais-tu toute seule dans la forêt ? Tu ne
sais pas que c’est dangereux ?
- Je me suis perdue
Et elle se mit à pleurer.
- Ah non, pas ça malheureuse ! Tu ne sais pas que
les loups adorent le sel ? Si tu n’arrêtes pas immédiatement
de pleurer, je vais te dévorer. Rien ne pourra m’en empêcher.
Vite, monte sur mon dos et accroche-toi bien
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Le loup s’élança dans la forêt et la déposa au
bord d’un ruisseau.
- Rince bien ton visage. Tant que tu auras un goût de
sel, tu ne seras pas en sécurité.
La petite fille obéit, trempa ses mains dans l’eau
glacée et aspergea son visage jusqu’à ce que toute trace de larme
ait disparu.
- Mais tu trembles, dit-elle en
voyant le loup claquer des dents. Tu as
froid ?
- Non j’ai peur. Je ne suis pas un méchant loup, tu
sais. Je suis seul depuis si longtemps. J’aimerais bien être
ton ami, mais c’est impossible, je risquerais de te manger.
- Alors je ne pleurerai plus jamais
- Pfff ! Comment peux-tu en être sûre ?
- C’est mon affaire. Aies confiance. De toutes façons,
je n’ai pas du tout envie de me faire dévorer.
Ils s’embrassèrent et partirent ensemble dans la
forêt.
Les années passèrent. Chacun se félicitait d’avoir
comblé la solitude de l’autre. La petite fille sans nom, devenue à
présent une jolie jeune fille, se considérait comme une louve à
part entière et le loup, débarrassé de ses instincts carnassiers,
ressemblait à un humain.
Et ce qui devait arriver, arriva.
Par une belle journée d’été, la jeune fille sans
nom mit au monde un enfant. C’était un bébé mi-loup, mi-humain
qu’ils appelèrent Inouï. Et ce petit Inouï avait une
particularité, il ne pleurait jamais.
Il tétait goulûment du matin au soir et développa
rapidement une force hors du commun. Sa mère était si fière de lui
que parfois les larmes lui montaient aux yeux. Mais elle se dépêchait
bien vite de les ravaler pour ne pas manquer à sa parole.
Pourtant une nuit, elle s’éveilla en sursaut, le
visage tout ruisselant de larmes. Affolée, elle se précipita dans
le noir pour le rincer mais, trop tard ! L’odeur du sel avait
tiré le loup de son sommeil et il se jeta sur elle pour la dévorer.
Alors, le petit Inouï qui dormait accroché au sein de
sa mère, se hissa jusqu’à son visage et le lécha sans
discontinuer, jusqu’à ce que toute trace de sel ait disparu.
Fou de rage, le loup s’enfuit à l’autre bout de la
forêt.
Le lendemain matin, il revint tout penaud.
- Je te demande pardon, lui dit
la jeune fille sans nom. Cela ne se
reproduira plus
- Il est trop tard. Cet enfant a pris ma place dans ton
c?ur.
Cette nuit, il avait le choix entre te dévorer avec moi ou te sauver
la vie. Il t’a choisie. Désormais vous êtes deux et moi je suis à
nouveau seul.
- Mais tu n’y penses pas. Nous formons une famille.
Nous t’aimons, nous avons besoin de toi.
Le loup se laissa tant et si bien convaincre par ces
douces paroles qu’ils reprirent leur vie de loups comme si de rien
n’était. Chacun oublia l’incident, jusqu’à ce que ce qui
devait arriver arrive.
Le petit Inouï s’amusait à sauter sur les bords d’un
ruisseau, quand son pied se prit dans une racine. Il s’étala de
tout son long et, pour la première fois de sa vie, il se mit à
pleurer.
Heureusement, le loup était absent. Sa mère le prit
dans ses bras et le serra très fort.
- Cela me brise le c?ur,
dit-elle, mais nous ne
pouvons plus rester avec ton père. Il risquerait de te dévorer et
je n’y survivrais pas. Allons-nous en.
Elle rédigea une lettre à l’attention du loup et ils
quittèrent la forêt sans se retourner.
Ils marchèrent longtemps, jusqu’à ce qu’ils
atteignent la mer. Dès qu’il la vit, le petit Inouï se précipita
dans les flots et, aussitôt, il se métamorphosa en ange de lumière.
- Viens, dit-il à sa mère.
Tu n’es pas de la famille des loups ni de celle des hommes. Tu es
de la famille des étoiles. Tu es une étoile de mère.
- Une étoile de mer ? Mais Inouï, qui es-tu ?
- Celui que tu as créé pour te ramener vers la source,
pour te rappeler qui tu es vraiment.
- Et je suis une étoile ?
- Oui, maman.
- Et ton père, qui est-il ?
- Viens et tu le sauras. N’aies pas peur. N’aies
plus jamais peur. De rien.
Le coeur
gonflé d’amour, les yeux rivés à ceux de son fils, la jeune
femme sans nom avança vers l’eau. Dès que le sel frôla sa peau,
elle se transforma en déesse de lumière.
- Comme tu es belle ! s’exclama
Inouï.
Elle souriait, radieuse.
- Je comprends à présent, dit-elle.
Nous sommes tous des étoiles. Les hommes comme les loups. Mais nous
l’avons oublié. Nous l’avons oublié en naissant et nous errons
sans fin dans la forêt de notre ignorance.
- Mon père est une étoile mais il n’est pas prêt
encore à l’entendre. Que décides-tu à présent ?
- Y a-t-il une chance, même infime, de l’aider à
savoir qui il est vraiment ?
- Il y a toujours une chance. Et puis, nous sommes deux.
Cela fait une chance de plus.
- Alors allons-y ! J’ai hâte de le retrouver
pour lui montrer la voie.
- D’accord maman. Mais d’abord, offrons-nous des
petites vacances. Un voyage éclair sur la voie lactée, par exemple.
Inouï prit son étoile de mère par la main et ils
s’envolèrent vers les cieux.
(Nouvelle publiée dans Rencontres
d’âmes. avec l'aimable autorisation des Editions
Artistfolio)
Forêt
d’amour
Dans la forêt
d’amour
Les arbres
sont des corps
Serrés,
entremêlés
Enlacés dans
la liesse
Les fleurs,
de doux baisers
Les feuilles,
des caresses
Dans la forêt
d’amour
Les sous-bois
sont désirs
Et les
bourgeons, tendresse
Et toutes les
clairières
Sont des nids
de velours
De lumière
et d’ivresse
Flots
d’amour
Ce ne sont
pas mes lèvres
Mais juste
leurs pétales
Que tes
baisers effleurent
D’une
infinie douceur
Et ce n’est
pas mon corps
Que tes bras
enveloppent
Et que tes
mains caressent
Mais un
bouquet de fleurs
Sitôt que le
soleil de ton âme
Me touche et
plante son épée
Dans les
cieux de mon coeur
Tous mes
printemps éclosent
Tous mes
bourgeons éclatent
Dans un flot
de frissons
Et d’or et
de splendeur
Sensualité
Tout l’air
qui m’enveloppe
Le vent qui
me caresse
Ce soleil
insolent
Qui pénètre
ma peau
Tout l’azur
qui m’inonde
Ces parfums
qui m’enivrent
Ces mots qui
me chavirent
Faits de
chair et de sang
Les fleurs
nues et offertes
Dans la
tendre innocence
De leur
premier printemps
La frondaison
des arbres
L’herbe
emplie de rosée
Chaque aube
qui se lève
La lune et
son croissant
Le midi de
tes lèvres
Les
ruisseaux, l’océan
Tout ce que
je regarde
Tout ce que
je ressens
Tout ce que
ma peau touche
Ce que mon
coeur
entend
Tout ce qui,
dans ma bouche
Se transforme
en printemps
Je fais
l’amour avec
Continuellement
Il n’est
d’amour plus doux
Voluptueux,
charnel
Que celui qui
allie
L’éternel
à la sensualité
Ouvrez grand
votre coeur
Laissez-vous
submerger
Aimez tout ce
qui est
Osez pétrir
la vie
Transpirer la
passion
Osez vivre
d’aimer
Osez cet
abandon
Petit caillou
Il était une fois un petit
caillou qui vivait sur une plage dans l’île la plus minuscule d’un
archipel sans fin.
Confortablement allongé sur le
sable, il se laissait caresser par les vagues et savourait avec
délice l’alternance des sensations. Chauffé à blanc par le
soleil, martyrisé par sa morsure, il comptait les secondes qui le
rapprochaient inexorablement de cet instant où l’écume viendrait
l’électriser de fraîcheur.
Souvent, les dauphins venaient
jouer avec lui. Ils lui faisaient faire mille pirouettes dans les
airs. Ils s’amusaient à le rattraper au vol sur le dos, sur le
ventre, sur le rostre ou sur la queue.
Mais voilà qu’un jour, le
petit caillou atterrit sur le front d’un vieux pêcheur taciturne.
Au lieu de pester selon son habitude, car l’homme était connu dans
tout le pays pour sa mauvaise humeur, celui-ci se mit à rire. A
rire, à chanter et à danser.
Enivré par cette joie aussi
soudaine qu’inespérée, le bienheureux oublia totalement ses
filets. Le soir venu, quand enfin il songea à les relever, ils
étaient pleins. Pleins à craquer d’une pêche miraculeuse, de
poissons multicolores et de coquillages fabuleux.
C’est ainsi que le petit
caillou comprit qu’il était magique.
Au début, ce pouvoir
extraordinaire l’amusa. En un tournemain, il rendit le sourire à
tous les grincheux et combla de bienfaits les miséreux de tous les
environs. Dès que quelqu’un souffrait, de quelque mal que ce soit,
il suffisait que le petit caillou le touche pour qu’il soit
définitivement guéri. C’était grisant.
Le bruit avait fini par se
répandre dans tout le pays et même au-delà, qu’un petit caillou
faisait des miracles. Alors les malades et les curieux d’ici et
d’ailleurs commencèrent à affluer. Le petit caillou s’appliqua
à les guérir tous et il leur offrit même davantage.
Il permit à chacun de s’aimer
et d’aimer les autres d’un amour inconditionnel.
Après avoir rendu heureux tous
ceux qui étaient venus jusqu’à lui, le petit caillou comprit que
sa tâche était loin d’être terminée. Il lui restait à
accomplir le miracle des miracles : guérir l’univers entier.
C’est alors qu’il roula sur
le ventre d’une jeune femme. Elle n’avait a priori rien
d’extraordinaire, sauf qu’elle portait la vie. Elle était
enceinte depuis assez de temps pour que son ventre ressemblât à un
joli globe terrestre.
Profitant d’une autre vague,
le petit caillou se cala dans le creux du nombril. Sans s’en
douter, il avait trouvé là l’endroit idéal pour communiquer avec
le bébé.
Ils se mirent à parler. De la
vie, de la mort, de l’amour, de la nature, des problèmes de
l’humanité, et pour finir, de ce qui préoccupait au plus haut
point le petit caillou : trouver le moyen d’être partout à
la fois pour guérir le monde de tous ses maux, le plus rapidement
possible.
Le bébé finit par éclater de
rire.
- Comment, voilà près d’une
heure que nous discutons et tu n’as toujours pas compris ce que tu
es venu apprendre de moi ? Il me semble pourtant que c’est
l’évidence même. Je suis un bébé. Un bébé ! Le fruit de
deux êtres qui s’aiment. Tu comprends à présent par quel moyen
tu vas pouvoir être partout à la fois ?
Abasourdi par ce qu’il venait
de comprendre, le petit caillou se laissa retomber dans les flots et
entraîner par les courants sans même regarder où ils le
conduisaient ; quand il buta violemment contre une étoile de
mer.
- Aïe ! Quelle brute ! Tu
pourrais t’excuser au moins. Sois poli, si t’es pas joli !
Reprenant subitement ses esprits
comme si l’étoile de mer venait de prononcer une formule magique,
le petit caillou s’illumina d’un seul coup et prit la forme d’une
étoile. Il s’approcha d’elle et commença à la caresser
lentement, branche après branche, avec une infinie douceur.
Jamais l’étoile de mer
n’aurait cru qu’une telle grâce fut possible. Ivres d’extase,
ils s’abandonnèrent bientôt l’un à l’autre, étoiles de
pierre et de mer polies par les vagues de l’amour.
A dater de ce jour, ils furent
inséparables. Ils sillonnèrent ensemble toutes les mers et tous les
océans du monde, semant partout une infinité de petites étoiles
aussi polies que jolies, toutes dotées de pouvoirs magiques.
Peu à peu, ils réalisèrent
l’impossible et l’univers entier guérit.
Satisfait et heureux, le petit
caillou s’éleva alors dans les airs. Il se mit à tournoyer de
joie en s’élevant de plus en plus. Il dépassa les arbres et les
plus hautes tours érigées par les hommes. Il s’envola bien
au-delà des plus hautes montagnes, franchissant tous les océans de
nuages, jusqu’à se détacher de l’attraction terrestre et de sa
pesanteur.
Une fois en orbite autour de la
Terre, il se sentit nappé de chaleur. Une chaleur douce et intense.
Il regarda l’espace jusqu’ici noir et vide et peu à peu, il le
vit s’emplir d’étoiles. Bientôt, il ne fut plus qu’océan de
lumière. Chaque étoile le regardait en souriant. Et devant tant de
bienveillance et de tendresse, il se mit à ruisseler de larmes.
Des larmes poussière de
caillou, poussière d’étoile, de sable, de sel, de soleil, de vent
et d’eau. Des larmes poussière d’amour qui se répandirent sur
l’univers comme une bénédiction.
Alors, le petit caillou étoile
de pierre se remplit à son tour de lumière et prit sa place dans la
ronde du firmament.
(extrait du Royaume des
Papillons)
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